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les pièces de Claire et Stéphane

6 septembre 2016

Que le spectacle finisse ! L'apothéose.

nombre de personnages :  10     (pouvant être adapté ou modifié sur demande )

 

durée approximative de la pièce : 1h30

 

 Extrait de la pièce : 15 premières pages

 

Et que le spectacle finisse !

 

 

ACTEURS

 

Eva/ Yvan

 

Brindille. Personnage de la Commedia dell'arte, style Arlequin.

 

Pierre/ Pablo. Le mâle par excellence.

 

Lucie/ Luciole : employée du cabaret

 

Philippine. Responsable artistique.

 

Blanche : souhaite participer au casting du cabaret

 

Paul/ Line. Responsable financier.

 

Joseph/ Joe : Ami de Pablo

 

Theresa/ Plumeau : Employée du cabaret

 

Stella : Patronne du cabaret concurrent

 

Lieu : Cabaret l'Apothéose

 

 

Acte I

 

Scène 1

Quand le public attend pour entrer (Décor du hall avec photos de cabaret, et fausses stars), Eva sort de derrière le plateau, elle est très fâchée, déçue, peut-être en pleurs. Elle est vêtue d'une robe de scène colorée, pailletée.

 

Eva – Ce n'est pas de ma faute si ça a foiré ! Ils vont voir de quoi je suis capable ! Jamais je n'arrêterai ce métier… c'est ma vie. Ils n'ont pas le droit de me parler comme ça ! C'est toute ma vie… Jamais !

Elle sort dehors, décidée. Puis retourne dans les loges par l'entrée des artistes.

Le public entre dans la salle.

 

 

Scène 2

Le rideau s'ouvre alors que la musique est déjà en route et forte. On voit déjà avant l'ouverture du rideau qu'il y a un spectacle en cours derrière.

Brindille entre en cabriole et annonce la fin du spectacle et les acteurs et danseurs entrent un par un.

 

Brindille – Et voici déjà la fin de notre spectacle chers spectateurs ! Nous sommes aux anges, au 7ème ciel, c'est l'Apothéose ! Applaudissons très fort nos quatre artistes…

Ils entrent tous pour le salut et Brindille annonce leurs noms dans le désordre.

La folleLuciole, le beau Pablo, notre imitateur Joe,… (Brindille semble chercher quelqu'un.)

 

Plumeau, levant le doigt – Plumeau !

 

Brindille – Oui, Plumeau... Pardon… et… Eva ?

Brindille regarde partout. Puis les autres regardent vers les coulisses. Pas d'Eva.

Ils saluent, on voit leur inquiétude, sourires jaunes.

Merci ! Bravo à tous…

La musique et la lumière baissent doucement.

 

Quand la lumière revient ils sont tous les quatre sur le plateau du bas, sauf Philippine qui est restée en haut. Ils sont assis ou debout, dépités, avec Brindille prête à agir ou intervenir telle la sauterelle, Philippine qui fait les cent pas, énervée, et Paul, abattu pensant au désastre financier que le bide du spectacle va provoquer. Plumeau est sur le plateau du haut et balaie.

 

 

Scène 3

 

Plumeau, s'avançant en avant-scène – Quand même elle a bien raté son numéro, hein ! Mais tu y es allée un peu durement avec elle, je t'ai entendu quand Joe faisait son numéro.

 

Pablo – On ne peut pas compter sur elle ! Elle a tout fait foiré, c'est tout !

 

Brindille – Elle avait bon fond, il ne faut pas l'oublier. Et, toute personne est importante avec sa personnalité ; elle apportait une petite touche de… une petite touche de…

 

Joe – De quoi ?

 

Brindille – Ben, de… légèreté ?! De…

 

Pablo – De légèreté ?! Elle m'a écrasé le pied comme une grosse vache !

 

Philippine – Voilà ! C'est une grosse touche… de bouse qu'elle apportait !

 

Tous – De bouse ?

 

Philippine – Oui, de la bouse ! C'est de la bouse tout ça !

 

Plumeau – Oh de la bouse, quand même ! C'est un peu fort !

 

Paul, regardant ses fiches –En attendant, on est dans la merde !

 

Brindille – Dans la bouse !

Elle rit toute seule.

 

Pablo – Oui enfin, c'est surtout elle qui est dans la merde ! (Brindille tente de redire "dans la bouse" mais n'y parvient pas.) Nous…

Il ne continue pas sa phrase mais semble vouloir dire qu'eux sont extraordinaires.

Philippine frappe de sa canne au sol. Tout le monde sursaute.

 

Pablo – Elle va devenir une âme en détresse à consoler…

 

Brindille – Oui, tu vas pouvoir user de tes charmes pour la récupérer…

 

Paul – Ça m'étonnerait qu'Eva revienne ! Alors, il nous manque une danseuse… et en plus on a un gros trou dans les caisses ! Il faut qu'on trouve une solution et vite.

 

Philippine, descend sur le plateau du bas – Vous  êtes tous des incapables ! Vous allez tous finir dehors comme Eva. De toute façon celle-là je ne veux plus la voir. Elle est virée. Et que je ne la recroise pas dans les loges, ni sur les planches… nulle part !

 

Brindille, voulant adoucir l'atmosphère – Disons que l'idée est intéressante, mais tout le monde connaît bien l'Apothéose maintenant et ce n'est pas négligeable… et on pourrait surtout changer les numéros du spectacle ? Se moderniser, se…

 

Philippine – Vous allez tous repartir à zéro. Préparez-vous à repasser les auditions. Paul, tu vas passer une annonce pour recruter des gens et vous aussi vous allez passer le casting !

 

Joe – Nous ? Oh, moi j'ai passé l'âge de ces enfantillages ! Tu sais de quoi on est capable maintenant…

 

Philippine – Justement, vous n'êtes plus capable de rien. Tu repasses les auditions, ou tu dégages. Et tâchez de tous trouver des nouveautés pour me surprendre ! Sinon, DEHORS !

Elle sort.

 

Paul – Bon, ben je vais annuler les séances du week-end. Au boulot les cocos...

 

Plumeau – Moi aussi je passe le casting ?

 

Pablo – Et qu'est-ce qu'on est sensé faire ?

 

Paul – Ben je ne sais pas moi, cherche de nouvelles idées qui surprendraient Philippine !

 

Brindille – Fais nous un striptease !

 

Pablo – Oh ! Coquine !

Brindille et Plumeau rient et s'apprêtent à sortir en parlant de l'idée de le voir nu. Il joue du regard avec elles tout en restant sur place. Pablo commence à se faire à l'idée de se déshabiller et fait un show en enlevant sa veste comme pour essayer ce que ça donne. Les filles restent pour regarder.

 

Plumeau – Ben moi, je ne sais pas bien ce que je pourrais faire, hein ! Je ne peux pas rester pareil ?!

 

Joe – Du coup, moi non plus je n'ai pas d'idées !

 

Paul – Oui ben c'est bon ! Débrouillez-vous et surprenez-nous !

Joe et Pablo sortent, Joe parle du fait de faire le striptease. Brindille les suit.

 

Plumeau – Surprenez-nous, surprenez-nous, heu… c'est facile à dire ça !

Elle sort en haussant les épaules.

Paul reste seul.

 

Paul – Je les passerais bien les auditions, moi… (Il commence à chanter "Toute la musique que j'aime, Johnny. Philippine entre.)

 

Philippine – Qu'est-ce que tu fais abruti ? Ça t'a inspiré de voir cette catastrophe, toi ?

 

Paul – Non. Je me disais juste que je passerais bien l'audition aussi…

 

Philippine – Tu as autre chose à faire. Tu te prends pour qui ? Tu es le responsable financier, tu n'es pas un artiste. Chacun sa place. Tiens (Elle lui donne des documents), voici le mailing de mes anciens collègues, tu fouilles là-dedans et tu leur envoies un message. Tu annonces les auditions pour mercredi… on ne sait jamais… (Un temps. Elle s'apprête à sortir puis s'arrête et regarde avec un sourire en coin)… Toi ? Passer le casting ? Pff ! Mon pauvre, tu rêves !!

Elle sort.

 

Paul, vexé il se tourne vers le public – Et alors ? Oui moi aussi je peux passer le casting ! Et pourquoi pas… (Il s'essaie au chant à nouveau, la même chanson et en fait tomber ses documents, qu'il ramasse consciencieusement).                                                                                                  

 

Brindille, qui était cachée sur un côté et qui a tout vu de la scène, en apartéQuel rêveur ce Paul… Il se voit sur scène !

Elle rit et sort.

 

 

Scène 4

Stella entre alors que Paul est par terre et ramasse ses documents !

 

Stella – Salut beau gosse !

 

Paul – Han ! Stella ! Qu'est-ce que tu fais là ?

 

Stella – Hum ! On se tutoie maintenant ?!

 

Paul – Pardon ! Je suis désolé ! C'est qu'on se connaît depuis pas mal d'années maintenant !... Et du coup…

 

Stella – Pas de problème... Dis-moi, j'ai entendu dire que vous aviez quelques soucis… d'argent. Est-ce vrai ?

 

Paul – Non !

 

Stella, s'approchant telle un vampire -  Paul, Paul, Paul… tu ne sais pas mentir, ton nez bouge !

 

Paul – Non, il ne bouge pas…

 

Stella, de plus en plus entreprenante – Ah ?! Et qu'est-ce qui bouge alors chez toi quand tu mens ?

 

Paul – Rien !!

 

Stella – Mon cher Paul, il faut que tu me viennes en aide… je veux ce cabaret… Tu peux bien faire ça à Stella… avec tout le mal que te veut Philippine pour… tu sais quoi…

 

Paul – Non ! Je ne sais pas ! Pourquoi elle m'en voudrait ????

 

Stella – Oh ! Paul chéri… Tttttt ! Tu ne peux avoir oublié ce que tu lui as fait ? Tu as ruiné sa vie !

 

Paul, repoussant Stella – C'était un accident !

 

Stella – Oui, oui… un accident est si vite arrivé… mais la vengeance est un plat qui se mange froid, Paul !

 

Paul – Tu dis n'importe quoi, sors d'ici ! Tu n'obtiendras rien de moi ! Rien du tout. Pas le bout d'une queue de cerise !

 

Stella, abandonnant la partie – Mmm ! Pourtant, le bout d'une queue… de cerise… (En sortant :) "Le blues ça veut dire que je t'aime, mmm mmmm mmmm" !

Elle sort.

 

Paul – Espèce de peste !

Il reste un temps abasourdi et énervé.

 

 

 

 

 

 

 

Scène 5

Entrée d’Eva.

 

Eva – Ah Paul, tu es là ! Où sont les autres ? Je voulais vous parler… Pour tout à l’heure… je me suis un peu… emportée…

 

Paul, énervéOui ! Tu t'es… emportée ! En plein spectacle ! Enfin, tu n’es pas la seule à t’être emportée… Philippine aussi… (Il tente de la  pousser vers l'extérieur) D’ailleurs, tu ne devrais pas être là… Ce serait mieux que tu partes toi aussi !

 

Eva, résistant, elle revient au centre du plateauMoi aussi ?Pourquoi tu dis ça ?

 

Paul, même jeu Pour rien… pour toi, ce serait plus prudent, c’est tout.

 

Eva, se dégageant encoreEcoute Paul, je n’ai rien contre toi, mais j’aimerais autant que tu ne me dises pas ce que je dois faire. Occupe-toi de la compta’, et ne t’occupe pas du reste.

 

Paul – « Occupe-toi de la compta, Paul ! Fais les comptes, Paul »… à vous entendre, je ne suis bon qu’à ça !

Eva – Toi et moi, nous n’avons rien en commun. Je suis une artiste… Danseuse, chanteuse, tragédienne… Je peux tout faire… Quant à toi, Paul… Rien qu’à te regarder, on sait que tu es comptable… T’as une tête de comptable… Tu sens le comptable… Tu n’y peux rien, c’est comme ça… Tu es doué pour les chiffres, ce n'est déjà pas si mal !

 

Paul – Ma pauvre Eva ! Ton monde est si petit… Tu te vois en artiste… Mais artiste de quoi ? De cirque ? T’as même pas été foutue de garder ta place ici !

 

Eva – Tu ne peux pas dire ça ! Le succès du cabaret repose sur moi ! Uniquement sur moi !

 

Paul – Je suis bien d’accord avec toi ! La preuve… On est sur le point de mettre la clé sous la porte… Quel triomphe ! Quel talent ! Ton talent s’est EVAnoui dans LES VApeurs de la salle… Tu t’es EVAporée, chère Eva !

 

Eva – Tu peux faire de l’esprit si tu veux… Je connais ma valeur… Et ce n’est pas Philippine, et encore moins toi, qui allez me faire quitter la scène… Je suis prête à tout pour rester ici… Je suis même prête à m’excuser auprès de Philippine.

Paul – Hum…

 

Eva – On ne s’est jamais vraiment entendu tous les deux… Ce n’est pas que l’on ne s’aime pas, mais c’est comme ça… On est chacun sur notre planète… On n'est pas sur la même orbite, c’est tout ! Tu calcules, divises, multiplies, et additionnes autour de ton soleil… Et moi, je suis le soleil. Je rayonne sur scène… Je vis sur scène… Alors je te prie de m'excuser, Paul, je ne veux pas me disputer avec toi… Nous ne sommes pas faits pour nous entendre. C’est comme ça !

 

Paul – Tu as sans doute raison Eva… Je te donnais juste un conseil… Tu ne devrais pas rester là… Ce serait mieux !

Entrée de Brindille. Dès son arrivée, elle se place devant Eva comme pour la cacher… mais elle est trop petite alors elle saute sans arrêt !

 

Brindille – Pas mal ces petites vocalises de tout à l'heure… (Elle rit)

 

Paul – Comment ? Tu as vu ça, toi ?

 

Brindille – Je vois tout, mon cher Paul ! Tu vas bien trouver un petit quelque chose pour nous surprendre, Chouchou… et la passer cette audition… avec "elle vient de là, elle vient du blues" !

 

Paul, en sortant – Chouchou ! (Songeur, il pense déjà au changement d'apparence…)

(A Eva :) Je te laisse avec Brindille. Je dois y aller. J’ai Quelque chose à faire… (A Brindille :) Merci Brindille !

 

Brindille, sans comprendre – Pas d'quoi !
Il sort.

Plumeau entre.

 

Plumeau – Coucou !

 

Brindille – Han ! Qui est là ?!

 

Plumeau – Ben, ce n'est que moi !

 

Brindille et Eva – Ah ! Ce n'est que toi !

 

Plumeau – Ben oui ! Pourquoi ?

Eva hausse les épaules, elle n'en sait rien. Brindille saute toujours devant elle.

 

Brindille – Et tu ne dis rien à Philippine, hein ?

 

Plumeau – Que je lui dise quoi ?

 

Brindille – Que tu as vu Eva… ici !

 

Plumeau – Ah ! Non, moi j'suis une tombe ! J'dirai rien ! Pourquoi ?

Eva hausse les épaules. Brindille lui fait signe de se taire.

 

Brindille – Bon. Eva ! Ma chérie…Tu ne devrais pas être là ! Qu’est-ce que tu fais là ?

 

Eva – Je suis revenue. Je voulais m’excuser. Tu as des vers dans les fesses ?

 

Brindille – Auprès de Philippine ? Ouh la la … Surtout pas ! Tu ne dois pas aller voir Philippine… jamais… Tu ne dois plus jamais la voir.

 

Plumeau – Faudrait éviter vraiment !

 

Eva – Pourquoi ?

 

Brindille – Pourquoi ? Ouh la la … Pourquoi tu ne dois plus voir Philippine ? Tu ne dois plus la voir parce qu’elle ne peut plus te voir. Tu l’aurais vu tout à l’heure… Elle était dans une colère… (En faisant le geste devant son visage) noire ! Oui, enfin, si on peut dire ! Disons qu’elle était toute rouge de colère… enfin rouge/noire… Oui, bon ! Disons qu’elle n’était vraiment pas contente ! Je dirais même mieux, pas contente du tout !

 

Eva – Je peux peut-être attendre qu’elle se calme !

 

Plumeau – La connaissant, cela m’étonnerait qu'elle se calme…

 

Brindille – En tout cas, moi, je t’ai trouvé géniale !

 

Eva – Tu es gentille, Brindille… Mais ce n’est pas la peine… J’ai été mauvaise ! C’est tout !

 

Plumeau – C’est sûr que pendant le spectacle, t'as écrasé… les pieds…

 

Brindille – Mais par contre, ta sortie… Mon dieu, ta sortie… Tu étais… géniale !

(Imitant Eva) « Jamais je n'arrêterai ce métier… c'est ma vie. Ils n'ont pas le droit de me parler comme ça ! C'est toute ma vie… Jamais ! »

C’était grandiose !

 

Eva – Tu trouves ? Tu as vu ça, toi ?

 

Brindille – Parole de Brindille ! Je vois tout moi j'te l'dis ! (Elle rit).

 

Plumeau – Ah ! J'ai rien vu, moi !

 

Eva – C'est gentil !… Je ne suis peut-être pas si mauvaise alors ? Peut-être que Philippine s’en est aperçue… Je pourrais lui parler…

 

Brindille – Alors là, je pense qu’il ne vaut mieux pas…

 

Plumeau – Surtout avec le casting qui s’annonce !

 

Eva – Le casting ? Quel casting ?

 

Plumeau – Ah oui, c’est vrai, elle n'est pas au courant… Philippine organise un casting.

 

Eva – Ah !? C'est ça que tu disais à Paul tout à l'heure, Brindille… Je ne comprenais pas…

 

Plumeau – Paul a dit que les comptes étaient dans le rouge

 

Brindille, en riant - Comme quand Philippine était rouge de colère… (Se reprenant) Pardon !

 

Plumeau – Bref, Philippine a dit qu’il fallait faire un nouveau spectacle… Un truc qui ramènerait plus de monde… Du coup, elle a dit que tout le monde devait repartir de zéro… Et repasser un casting… Elle met même une petite annonce dans le journal … ça va peut-être  nous amener du monde…

 

Brindille – C’est génial ! En tout cas, Pablo a dit qu’il voulait rester et qu’il allait passer le casting !

 

Eva – Pourquoi tu parles de Pablo ?

 

Brindille, rougissante  – Je ne sais pas ! Je disais ça comme ça… C’est que je l’aime bien Pablo… J’aimerais qu’il m’aime bien aussi ! Tu crois qu’il m’aime bien aussi ?

 

Eva, songeuse  –Je ne sais pas Brindille. Un casting, une annonce dans le journal ? Eh bien oui !...

 

Brindille – Ouh la la ! Je te vois venir… N’y pense même pas, Eva… Si Philippine te vois…

 

Plumeau – C'est sûr, elle va s’énerver ! (Brindille se met à bondir dans tous les sens)

 

Brindille – Elle va t’étriper, te zigouiller, t’écrabouiller… Elle peut même te capillotracter jusqu’à la sortie… Aïe, aïe, aïe !

 

Plumeau – Te quoi ?

 

Brindille – Ca-pi-llo-trac-ter ! Te tirer par les cheveux, quoi ! (elle montre le geste en le faisant sur elle).

Tu te rends compte, non mais tu te rends compte ? Ce casting n’est pas pour toi, Eva… L’Apothéose, c’est fini pour toi !

 

Eva - Moi aussi je peux passer le casting ! (Les deux filles font une grimace horrible !) Et pourquoi pas…         

 

Brindille – Ah oui mais pas comme ça !

 

Plumeau – Ah, non ! Pas comme ça…

 

Brindille – Autrement…

 

Plumeau – Oui autrement ! Il ne faudrait pas qu'elle te reconnaisse… donc ce n'est pas possible !

 

Brindille – Ce n'est pas possible…

 

Plumeau – C'est sans doute mieux… Hey !...

 

Brindille – Hey !

Eva sort avant que les filles n'aient fini de parler.

 

Plumeau – Je vais l'accompagner à la sortie et faire diversion au cas où elle croise Philippine…

Sortie de Plumeau. Entrée de Luciole.                                                                                                                        

                                   

 

Scène 6

 

Luciole- Coucou Brindille ! A qui tu parles ?

 

Brindille – Bonjour Luciole ! A… toi maintenant !

 

Luciole – Dis-moi, la fille que j'ai croisé y'a deux minutes devant Plumeau… Qu’est-ce qu’elle ressemble à Eva !

 

Brindille – C’était Eva !

 

Luciole, en prenant un ton fauxHein ? Non ? Ce n’est pas possible… Philippine a dit à Eva de ne pas revenir… Donc ce n’est pas Eva !

 

Brindille – Et pourtant c’était elle. De toutes façons, Philippine l'a dit à nous qu'elle ne revienne plus, pas à elle ! Enfin, moi je le lui ai dit maintenant, donc elle sait !

 

Luciole, même jeu –   Moi, je te dis que ce n’était pas elle !

 

Brindille – Une Eva, je n’en connais qu’une… C’était bien elle.

 

Luciole, même jeuTu me traites de menteuse ? C’est ça ?

 

Brindille – Bien sûr que non, voyons… Je te dis juste que c’était bien elle !                             

 

Luciole, changeant d'humeurTu m’as cru, hein ? Là… à l’instant… tu m’as cru ?

 

Brindille – Heu… oui (Enthousiaste :) A quoi tu joues ?

 

Luciole –  Et bien en fait, je jouais à jouer… (Excitée) C’est pour le casting… J’ai pensé que, au lieu de faire danseuse comme d’habitude… Même si je sais que je suis douée… Je me disais, que comme on nous a demandé d’innover… je me disais que je pourrais peut être faire « actrice »… Tu sais, je jouerais une scène sur scène… Je pense que je pourrais faire ça… T’y a cru là, hein ?

 

Brindille – Oui (Excitée) c’est super, vraiment ! J’y ai vraiment cru… Là, tu jouais, le… la…

 

Luciole –  Le mystère… Je jouais quelqu’un de mystérieux… Un peu comme du suspense, mais en plus triste… Un peu comme avec Marilyn Monroe, dans le film, tu sais, au-dessus du métro, avec sa robe… Elle jouait le suspense et le mystère en même temps … J’adore Marilyn ! J’ai vu tous ces films… (Pensive) Elle ne tourne plus je crois… Bon ! En tout cas, c’était bien, hein ?

 

Brindille – Sept ans de réflexion !

 

Luciole, surprise et triste – C'était si mauvais que ça que tu ne puisses pas me donner une réponse claire plus rapidement ?! Sept ans ? Ça fait beaucoup à attendre !

 

Brindille – NON ! Sept ans de réflexion, Billy Wilder ! Toi, c’était vraiment bien Luciole, je crois que tu …

Entrée de Pablo.

Brindille est troublée : Je crois que tu… as toutes tes chances…

 

Luciole, à BrindilleC'est Pablo… Je crois que je l’intéresse.… Je le sens… Je sens ces choses-là … Et puis, il me l’a dit. Je vais peut-être lui faire le « mystère »…

 

Pablo, passant devant Brindille sans ménagementAh Luciole, chère petite Luciole, tu es là !

 

Brindille – On est là Pablo… Comment vas-tu ?

 

Pablo, s’approchant de Luciole – Cette chère Luciole… Je te vois, et tu éclaires mon chemin, telle une Luciole…

 

Luciole – Oh, monsieur Pablo, vous ne devriez pas… Vous me faites rougir… (Se mettant à jouer :) Vous ne me connaissez pas, ou si peu, je peux être si mystérieuse vous savez…

Plumeau est entrée pendant cette dernière réplique.

 

Plumeau, à Brindille – Qu'est-ce qu'elle fait ?!

Brindille hausse les épaules.

 

Pablo – Tu sais, que si je décide de passer ce casting, et de rester à l’Apothéose, c’est uniquement pour toi, pour pouvoir te garder à mes côtés… Je vais passer l’audition, je serai engagé, il ne peut en être autrement, et toi et moi, enfin, nous, nous pourrons vivre, travailler, rêver et s’aimer pleinement. Rien ne pourra s’opposer à notre amour.
Qu’ai-je fait de ma vie, sinon te chercher. Je t’ai trouvé, et crois-moi, rien ni personne ne pourra détourner mes yeux de ton regard. Laisse-moi entrer dans ton jardin secret, laisse-moi devenir TON Pablo !

Luciole est subjuguée d'éblouissement et d'admiration.

 

Plumeau – Ben, qu'est-ce qu'il lui prend à lui aussi ?!

 

Brindille – Hum, hum… Philippine était bien énervée tout à l’heure, vous ne trouvez pas ?

 

Plumeau, qui prend la conversation de Brindille au sérieux – Oh la la oui, hein ?!

Luciole et Pablo ne font pas attention à elles.

 

Luciole – Comment pourrai-je vous résister Pablo ? Je crois que vous me faites craquer, je pense que vous et moi on pourrait…

 

 

Scène 7

Entrée de Blanche un chewing-gum à la bouche.

 

Blanche – Salut tout le monde. C’est ici l’Apothéose ?

 

Plumeau – Oui !

 

Brindille – Oui, mais on est fermé. Le cabaret ne rouvrira que la semaine prochaine.

 

Plumeau – Ah bien comment elle est rentrée alors ?!

Plumeau reçoit un coup de Brindille sur le bras pour la faire taire.

 

Pablo, lâche les yeux de Luciole pour ceux de BlancheEnfin Brindille, laisse-la entrer.

 

Blanche – Je viens pour l’annonce.

 

Luciole – Ah oui l’annonce… Laissez c’est pour moi… Oui, alors vous avez vu l’annonce ?

 

Blanche – C’est bien ici ?

 

Luciole – Tout à fait ! Je vais les chercher… Je vous les amène tout de suite (s’apprêtant à sortir) Vous chaussez du combien ? Parce que j’ai oublié de le mettre sur l’annonce. En fait  c’est du 38.

 

Blanche – Du 38 de quoi ?

 

Luciole – Et bien  mes chaussons de danse…Vous venez pour l’annonce que j’ai passée pour mes chaussons de danse ?

 

Blanche – Pas du tout, je viens pour l’annonce, le boulot, le job… le casting !

 

Brindille – L’annonce est déjà passée ? Super ! Ils n’ont pas perdu de temps… On va avoir du monde ! C’est super ! On va rencontrer plein de monde ! Génial… N’est-ce pas, Pablo ?

 

Plumeau – Ah bien oui, ils ont fait ça tout de suite, hein ! C'est Philippine qui l'a décidé !

 

Pablo, lui tournant autourDites-moi, chère enfant, vous souhaitez passer l’audition ?

 

Blanche – Exact !

 

Pablo – Bienvenue parmi nous… Appelez-moi Pablo, tout le monde m’appelle Pablo ici.

 

Blanche – Moi c’est Blanche.

 

Plumeau – Oh ! Blanche… c'est beau !

 

Pablo – D’où venez-vous  belle Blanche, lumière du paradis, pucelle de l'Olympe ?

 

Blanche, amuséeJe viens d’ici, de là, de partout… Je bourlingue à gauche à droite… Je vais de pays en pays. J’explore, j’ découvre, j’voyage… j’ai le guide du routard dans la tête, et une toile de tente sous l’bras…  Je m’laisse pousser par le vent… Dès qu’y a plus de vent… J’me pose, et j’cherche du boulot… Alors me voilà !

 

Pablo – J'adore les aventurières !Je suis impressionné.

 

Plumeau – Oui, moi aussi ! Vous devez avoir des tas d'histoires à raconter !

 

Pablo – Le casting ne devrait être qu’une formalité pour vous. Et qu’allez-vous donc proposer ?

 

Blanche – J’sais pas trop ! La seule chose que je sache faire c’est lancer des couteaux sur des Pythons… Y a des Pythons ici ?

Brindille et Plumeau réagissent par onomatopées et sont coupées par Pablo.

 

Pablo, à l'air coquin – Ça dépend !

 

Brindille – Non ! Nous n’avons pas d’animaux… Sauf de charmantes créatures comme notre petite Luciole bien sûr (en montrant Luciole qui se comporte comme une poupée de chiffon. Elle se met à chanter "je suis une poupée de cire…")

 

Blanche – Et bien va pour la Luciole… Je vais donc présenter un numéro de lancer de couteaux avec Luciole !

 

Luciole – De lancer de ccccouteaux ?!C’est que…

 

Plumeau – C'est pas un peu dangereux ?!

 

Pablo – Quelle charmante idée, quel courage, quelle preuve de bravoure vous faites Blanche.

 

Luciole – C'est plutôt à moi qu'il faut dire ça !

 

Pablo, s’approchant de Blanche – Laissez-moi vous admirer de près… Quelles lignes parfaites vous avez, si j’avais su qu’un jour j’aurais pu admirer une telle beauté… la déesse aux cheveux rouges…

 

Luciole – Mais… Pablo… Tout à l’heure… Tu me disais… Tu me promettais de…

 

Pablo – Chut !... Silence… Laisse-moi écouter la Blanche beauté paradisiaque …

Silence gêné de tous. Plumeau écoute aussi mais n'entend rien.

 

Blanche, toujours amuséeÇa y est ? T’as fini d’écouter ? Ça me rappelle quand je suis allée en Australie… là, c'était un vrai paradis. J'avais fait un plongeon dans les eaux de là-bas et j'avais halluciné, tellement c'était hallucinant de beauté… les coraux, les couleurs des poissons…

 

Pablo – Je ne sais que dire, je ne trouve pas les mots, vous êtes si merveilleuse… Permettez-moi de vous faire visiter les lieux qui vont vous paraître certainement bien ordinaires…

 

Blanche – C’est pas d’refus… Et si vous pouviez me présenter au proprio’ je voudrais m’inscrire pour le casting.

 

Pablo – Allons-y ! Et vous allez voir la propriétaire vient des îles…

 

Blanche – Magnifique !

 

Plumeau – Ah ben je vous accompagne, j'ai les loges à faire moi ! Philippine vient des îles mais elle est née ici en fait ! Tout comme moi d'ailleurs !

Ils sortent.

 

Luciole – Pablo ! Pablo, mon Pablo… Il m’avait promis… Il m’avait dit que… (Elle pleure)….

 

Brindille – Ne pleure pas Luciole… Si tu pleures ça va me donner envie de pleurer ! Tu ne dois pas pleurer… Il n’était pas pour toi de toute façon… Tu sais, je le regarde beaucoup moi, Pierre…

 

Luciole – Pablo ! Il n’aime pas qu’on l’appelle Pierre… Son nom de scène c’est Pablo… (Elle pleure)… Il préfère…

 

Brindille – Oui, et bien Pablo, je le regarde, moi, c’est que je m’intéresse un peu à lui et…

Pleurs incessants de Luciole…

S’il te plait… Cesse de pleurer… Bon ! Ne bouge pas ! Je vais te chercher celui qui connaît le mieux Pablo, son alter-ego, son meilleur ami… Je vais chercher Joe… Reste là, je reviens !

Brindille sort, laissant Luciole seule assise sur le bord de la scène… En larmes !

 

 

Scène 8

 

Luciole – De toute façon, c'est toujours comme ça ! Je vais le dire à Stella et tu vas voir ce qu'elle va te faire !

Entre Joe.

 

Joe – Alors ? On m'a dit que vous aviez besoin de moi, gente demoiselle ? (Voyant qu'elle pleure :) Oh ! Qu'est-ce qu'il t'arrive ?! (Il l'a prend dans ses bras). Ah non, si tu pleures, je pleure ! Qui a eu la très mauvaise idée de te mettre dans cet état ?

 

Luciole – C'est… c'est… Pa… pa…

 

Joe – Non ce n'est pas moi !

 

Luciole – Non c'est pas toi… c'est pa… Pablo !

 

Joe – Pablo ? Encore ?

 

Luciole – Ah non ! C'est la première fois qu'il me fait ça !

 

Joe – Si encore tu étais la première ! Quelle fripouille ! On l'aime bien quand même ce Pablo. Il n'est pas méchant tu sais…

 

Luciole – Toi, tu es trop gentil !

 

Joe – Oh, trop gentil… peut-on être trop gentil ? Je n'aime pas voir les gens souffrir, ça, c'est sûr ! (Il la serre contre lui) Allez, viens là, rien de tel que la chaleur humaine.

Entrée de Brindille.

 

Brindille – Alors comment ça va ? Mieux ?

 

Joe – Ah ! Ne nous dérange pas, Brindille ! Je console notre petite lumière…

Elle sort.

 

Luciole, rit – "Petite lumière"… tu es drôle !

 

Joe – Ben oui tu es notre petite lumière, toi ! Notre Luciole… et ça te dirait de partager un bon repas chaud ce soir avec moi ? Un bon petit nid douillet…

 

Luciole – Ah ben… ça me ferait drôlement plaisir…

 

Joe – Alors, ma lumière, on se retrouve ce soir à 19h, d'accord ?

 

Luciole – Merci, Joe ! Ce soir à 19h… Faut que j'aille répéter mon numéro pour le casting. Regarde… (A la façon de Marylin, en chantant :) Bye bye Baby!

 

Joe – Eh bien ça promet ce numéro !!

 

Luciole – Oui, je promets que je vais faire de mon mieux !

Elle sort.

Entrée de Pablo.

 

 

Scène 9

 

Joe – Tiens, te voilà, bourreaux des cœurs !

 

Pablo – Eh ! J'aime assez quand tu m'appelles comme ça ! Personne ne me résiste !

 

Joe – N'empêche que tu fais pleurer les femmes et ça, ce n'est pas très fairplay !

 

Pablo – Fairplay, fairplay ! Et qui donc j'ai bien pu faire pleurer dis-moi ?

 

Joe – Luciole.

 

Pablo – Ah ! Elle ! Oof, ce n'est pas très grave, vu le QI, elle devrait s'en remettre vite !

Et c'est moi qui devrais pleurer ! Je n'arrive pas à m'en faire une seule de nana !

 

Joe – Forcément, tu ne prends pas le temps d'aller au bout, tu passes à une autre avant d'avoir essayé de conclure ! Ce n'est pas pour me désavantager, vu qu'elles viennent toutes vers moi après, mais bon ! Je m'inquiète un peu pour toi…

 

Pablo – Oui. Ce qu'il y a c'est que je m'ennuie vite ! Très vite !... Et si on se concentrait sur le casting…

 

Joe – Oui… Tu as une idée ?

 

Pablo – Oui pour toi j'en ai une. Regarde, j'ai trouvé dans la malle à costumes des choses qui pourraient être pas mal…

 

Joe – Comme quoi tu n'es pas juste un gougeât !

 

Pablo, à l'italienne – Eh, non !  Pas que !

Joe rit.

 

Joe – Des perruques ?

 

Pablo – Oui. (En mettant sur la tête de Joe la coiffe de Polnareff) Je me suis dit que tu pourrais faire un sosie de quelqu'un. L'avantage c'est que tu n'as pas de cheveux alors tu peux mettre n'importe quoi sur ta tête.

 

Joe – N'importe quoi… faut pas exagérer !

 

Pablo – Attends voir avec les lunettes… Tourne-toi et baisse ton pantalon, voir si ça le fait ?

Ils explosent de rire tous les deux.

Attends j'ai autre chose. (Il lui essaie la version Claude François).

Là, il te faudrait une chemise blanche et des paillettes, un pantalon blanc et des chaussures blanches. On imagine… Allez, chante "Alexandrie/Alexandra", je fais une Claudette…

Ils s'exécutent et rient.

 

Joe – Et pourquoi pas trouver un sosie qui n'aurait pas de cheveux ?

 

Pablo – Genre qui ?

 

Joe – Je ne sais pas … qui est-ce qui est connu et qui n'a pas de cheveux ?

 

Pablo(Fait le geste "allô" sans dire les mots, avec juste le son "Han") Quelqu'un qui n'a pas de cheveux !... ben… je réfléchis… Michel Blanc… (Ils grimacent tous les deux après avoir croisés leurs regards)… Gérard Jugnot… (Même jeu)… Ah ! Je sais !... Enorme !

 

Joe – Et…

 

Pablo – Bruce Willis !

Joe rit.

Mais si ! Tu dois trouver un blouson noir… et en-dessous un Marcel pour voir tes tatouages… et tu prends un air dur… Génial !

 

Joe – Je veux bien essayer… ça pourrait être drôle !... Et toi ? Tu comptes faire quoi comme numéro ?

 

Pablo – Un striptease !

 

Joe – Tu es resté sur cette idée ?

 

Pablo – Je te raconte pas après les nanas que je vais lever !! Je vais m'enduire le corps d'huile… et briller sous les feux de la rampe (Il commence à déboutonner se chemise et à se dandiner)…

 

Joe – Eh ! Y'a du monde qui arrive… Oups ! C'est Philippine !

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6 septembre 2016

l'île de Vévayaboulisounibouditanga

nombres de comédiens (pouvant être adaptée sur demande ) : 10

durée approximative de la pièce : 1h30

 

Extrait de la pièce :    14 premières pages :

 

L’île de Vévayaboulisounibouditanga

 

Comédie décalée en trois actes

De Claire Vaillant et Stéphane Le Dévéhat.

 

 

Décors :

Acte I – Salle d’embarquement

Acte II – Salle commune du centre de vacances (Accueil, salle TV/ lecture, animations).

Acte III – Extérieur jour. Pas de décor.

 

10 Personnages :

Le directeur du centre : Fred

Une animatrice du centre de vacances

Un couple en vacances : Grace et Gaspard

Une femme à la « chasse » à l’homme : Ness

Une femme décalée (heure, ski, anniversaire) : sans prénom ou multi prénoms !

Une mère et son fils : Yolande et Yvon

Une femme seule, Alizée : persuadée que les gens sont venus pour lui organiser une « énorme » fête d’anniversaire.

 

 

 

 

Prologue

Salle d’embarquement

Espace vide avec un sens interdit au milieu.

 

Aéroport.

Départ en vacances. On entend quelques dialogues, aperçoit quelques personnes entrant dans l’espace de manière furtive.

L’avion est en retard.

 

Annonce en voix off – « Mesdames et Messieurs, le vol charter numéro 8321 à destination de l’île de Vévayaboulisounibouditanga décollera avec un quart d’heure de retard. Nous vous prions de bien vouloir patienter et nous excusant de ce désagrément. »

 

Voix off de Yolande – Ça commence ! Un quart d’heure de retard pour l’instant, dans un quart d’heure ils nous diront une demi-heure !

 

Voix off de Ness – Voyons Madame, un peu de patience, je suis sûr que ces charmants jeunes hommes font leur maximum.

 

Voix off de Grace – Oh mon Gaspard, que c’est excitant, que c’est excitant !

 

Voix off de Gaspard – Oh oui ma princesse ! Ça va être notre lune de miel !

Entrée de L’inconnue pendant l’échange entre Grace et Gaspard, elle se place dans l’espace et attend, dit « bonjour » puis on entend :

 

Voix de femme, hurlant – Joséphine, viens ici, on ne s’approche pas des inconnus comme ça !

Au son de la voix, L’inconnue regarde le public, gênée, et sort.

Un ballon de plage traverse la scène, entre Yvon en pantacourt, et sa mère qui le suit mais qui n’ose s’avancer.

 

Yolande – Reviens ! On n’a pas le droit d’être là, il faut attendre l’annonce !

 

Yvon – Ben je sais ! J’ai juste fait tomber le ballon !

 

Yolande – Ecoute Yvon, il va falloir te tenir un peu ! Nous ne sommes pas venus jouer au ballon !

 

Yvon – Oui, je sais ! M’enfin à la plage on joue au ballon quand même. Et puis, c’est toi qui veux que je…

 

Yolande – Allez, reviens ! On va se faire attraper par la police.

L’homme hausse les épaules. Ils sortent.

Entrée d’Alizée. Elle porte une casquette, des lunettes de soleil et un pantalon. Elle reste sur le côté regarde partout, souriant comme si du monde allait débarquer, puis non ! Elle se retourne, cherche des papiers dans la poche de sa veste, puis ressort se disant qu’elle n’est pas au bon endroit. (Ceci pendant le dialogue qui suit).

 

Voix off de Ness – Wouah ! regarde celui-là…Non mais regardez celui là… Je vais me taper des vacances, moi… ça va chauffer, ça va chauffer !

Elle rit

 

Voix off de Yolande – Regarde celle-ci, mon fils, elle me plaît bien celle-ci !

 

Voix off de Yvon – Maman, c’est à moi qu’elle doit plaire, pas à toi !

 

Voix off de Grace – T’as bien pris le ticket du « TV mag » ?

 

Voix off de Gaspard – Oui chérie, ne t’inquiète pas, on va le voirMonsieur Milton !

 

Voix off de Grace – Oh ! Que c’est excitant ! Que c’est excitant ! J’ai hâte !

 

Voix off d’Alizée – Excusez-moi, n’auriez-vous pas vu un groupe de gens déguisés ?

 

Voix off de Ness – Non ! Par contre, j’ai remarqué celui là, vous le voyez là bas ? Il n’est pas mal non ? avec son p’tit cul !

 

Voix off d’Alizée – Ouais ! Je cherche plutôt des gens déguisés !

 

Voix off de Ness – Moi en tout cas, j’en veux bien de son p’tit cul !

Rires.

Alizée repasse rapidement pour changer de côté, elle semble chercher « le groupe ». Elle enlève en passant sa casquette et ses lunettes.

 

 

 

 

Annonce voix off – «Le vol charter n°8321 à destination de l’île du Vévayaboulisounibouditanga est remis en état, les voyageurs sont priés de se diriger vers la salle d’embarcation, enfin d’embarquement. »

Tous les voyageurs entrent en scène valises en main rapidement, se bousculant. Ils se placent face public en tableau et attendent l’avion.

L’inconnue a une tenue différente. (Aviateur ?)

 

Rideau

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Acte I

Salle commune du centre de vacances (Accueil, salle TV/ lecture, bar, animations).

 

Scène 1 -

Est présent Fred le directeur. Il est « écroulé» sur  le comptoir, semble désespéré.

Un lecteur CD est allumé : Musique : « avec le temps » de Léo Ferré.

Entrée de Valérie l’animatrice…elle installera verres, gâteaux apéros…

 

Valérie : (elle s’approche du lecteur CD, l’éteint. Elle est enjouée)

Je viens d’avoir le chauffeur de bus au téléphone. Ils ont bien atterris. Ils sont en route. Ils devraient arriver d’ici quelques minutes.

Ah… une nouvelle semaine qui commence, de nouveaux touristes, de nouveaux visages. Tous ces visages pâles venus se reposer en notre compagnie…ça va être sympa non ?

 

Fred : Oui, sûrement !

 

Valérie : Allez, ne fais pas cette tête ! Tu diriges un centre de vacances je te rappelle ! Pas un centre aéré avec tout pleins de marmots à courir partout, à s’coller du chewing-gum dans les cheveux, et à pleurer leur mère à longueur de journée… non ! Un centre de vacances. Je dirais même : the Centre de vacances ! The Holiday’s Center ! (elle fait de grand geste) : le V.V.V.V.V.V Vivez la Vrai Vie au Village Vacances de l’île du Vévayaboulisounibouditanga … ça en fait 6

Rien ne vaut un bon 6V pour bien bronzer….hi...hi...hi… elle est bonne celle là. Tu ne trouves pas ? Un bon civet ! Un civet…comme un civet de veau quoi ?

 

Fred : Ouais…. Ou plutôt : (en comptant sur ses doigts) : Vivement de Vous Voir refaire Vos Valises … et …euh... et Voilà !

 

Valérie : Oui, et bien, ta phrase est moins accrocheuse que la mienne !

 

Fred : C’est possible. Mais de toute façon, c’est du lapin !

 

Valérie : Quoi du lapin ?

 

Fred : Le civet ! Ce n’est pas avec du veau, mais avec du lapin.

 

Valérie : Ah bon ?! Pauvre bête !…

 

Fred : Oui, enfin, les veaux c’est pareil !

 

Valérie : Oh moi, la cuisine ! Dans tous les cas, nos touristes vont arriver, et moi, je suis super contente ! J’ai hâte de voir leur tête. Je sens qu’on va bien s’amuser.

Dis donc, tu te souviens avec ceux de la semaine dernière, quand on a….

 

Fred : (Fred l’interrompt). Ah non ! Pitié ! Ne me reparle plus de la semaine dernière. Quel calvaire. Toujours à rigoler, à s’amuser. Ils commençaient à me taper sur les nerfs. Sous prétexte qu’ils viennent ici pour se reposer et qu’ils ont payé,  ils se croient permis de s’amuser sans cesse, juste devant mon nez… à me narguer.

 

Valérie : Pour information, tu travailles ici. C’est même TON centre ici. Ça me paraît normal qu’ils s’amusent ici, puisque c’est ici qu’ils viennent ! Et puis tu as moi ! Je suis là pour t’aider, t’assister…

 

Fred : Je ne vois pas le rapport. Quand je vais au restaurant, je reste à table. Je ne suis pas là à parader avec mon assiette, sous le nez du cuistot ! Non ! Je le laisse tranquille moi, le cuisinier. Je le laisse travailler en paix. Je ne le dérange pas ! Je sais qu’il a beaucoup de travail. Alors, je reste sagement à ma place ! Je mange sans le déranger. Je paie, et je m’en vais.

Alors qu’est-ce qu’ils ont tous ici, à bouger sans cesse ? Ils vont, ils viennent. Ils ne s’arrêtent jamais. On dirait des mouches… et plus l’été avance, plus j’ai l’impression qu’elles collent, les mouches. C’est orageux.

Et puisque tu y tiens, parlons-en de la semaine dernière. Tu ne me croiras peut être pas, mais, jeudi, pendant que tu donnais ton cours d’apéro-country…

 

Valérie, l’interrompant – Ah oui, ça a bien marché, non ?  (Elle mime) d’un coté les hommes, de l’autre les femmes… en avant la musique… à chaque pas raté pas madame, monsieur devait boire un verre… je te dis pas… (Elle rit)… le jeune de la 8, il s’était mis avec la mamie de la 37, tu parles, elle pouvait à peine marcher… alors danser ! On s’y est mis à plusieurs pour le remonter dans sa chambre… il nous avait vidé la cuve à bière ! Y’avait plus que toi et moi à tenir debout, seuls sur la plage… on était bien, non ?!

 

Fred : Ouais... Bref… et bien pendant que tu leur faisais faire du sport, y’en a un, il ne devait pas avoir soif j’imagine. Il s’est planté devant moi, et il n’a pas arrêté de me raconter toute sa semaine…j’ai tout su…ses visites…la plage…les bikinis, ses parties de boules…ce qu’il avait mangé ici ou là… j’ai tout su... Et il me racontait ça à moi…. Qui suis coincé ici avec tous ces pauvres C…

Entrée de la femme de ménage, chaudement vêtue.

 

L’inconnue : Bonjour mesdames. Savez-vous quelle heure il est ?

 

Fred et Valérie, regardant en même temps une horloge imaginaire fenêtre fond de salle : Euh…16H15...

 

L’inconnue : Et quel jour sommes nous ?

Valérie et Fred refond le même mouvement vers la salle mais se ravisent, se regardent et répondent.

 

Fred et Valérie : Samedi.

 

L’inconnue : Ah quand même ! Ça risque de faire juste, mais bon, les beaux jours vont bien finir par arriver !

Dites, on ne peut pas dire que ça brille ici ! Je n’ai pas que ça à faire, moi.

 

Valérie : AaaH ! Joséphine, c’est vous ? Je ne vous avais pas reconnu avec ce… quel plaisir de vous voir ! Vous étiez passée où ? Je vous ai cherché partout depuis ce matin !

 

L’inconnue : J’suis ici ou là... ça dépend… en tout cas, j’suis toujours du même côté du balai... (Elle rit)… dans un sens ça m’arrange, parce que si je devais le porter de l’autre coté… atchoum !… la poussière je veux dire…

 

Fred : Je vois… bon… vous pourriez faire les chambres avant qu’ils n’arrivent ?

 

L’inconnue : Qui ?

 

Valérie : Les clients !

 

L’inconnue : Ah ! Oui.

(Elle sort)

 

Valérie : Elle a raison, ils ne vont pas tarder à arriver. J’ai plutôt intérêt à finir de préparer les apéritifs de bienvenue.

Quant à toi, Fred, tu vas me faire le plaisir de te reprendre. Il ne s’agirait pas qu’en voyant ta tête ils se croient retournés au guichet de l’aéroport.

 

Fred : Je vais essayer...

Apparition de l’inconnue en tenue de soirée.

 

L’inconnue : Les voilà, ils viennent d’entrer dans le hall…je les ai reconnu, ils sont tout blanc !

Elle ressort.

 

Fred : Et bien Valérie, c’est parti, la peine vient d’être prononcée… j’en ai pris pour une semaine de plus…va les accueillir, s’il te plait. Et fais les rentrer pour que je puisse les enregistrer, et leur donner la clé de leur chambre... mais en petit groupe… pitié ! En petit groupe… que je m’y habitue petit à petit…

 

Valérie : Bien mon capitaine ! Ancre à la mer ! À l’abordage…

Entrée d’Alizée, souriante.

 

Alizée – Excusez-moi… Auriez-vous vu des gens… je veux dire un groupe de gens… peut-être avec des cadeaux ?

 

Fred et Valérie – Non !

Alizée sort.

Valérie allume le lecteur CD…Musique de fête, elle sort.

Fred se retrouve seul, livide.

 

 

Scène 2 – Arrivée soudaine de Grace et Gaspard.

Ils posent leurs bagages (un seul en mauvaise état) en plein milieu et parlent très fort, surtout elle.

 

Grace, son papier de TV à la main – Que c’est existant ! Que c’est existant ! Où est-il ?

(Voyant Fred :) Bonjour Monsieur ! Où est-il ?

 

Fred  – Qui ?

 

Grace et Gaspard – Jérémy Milton !

 

Fred, étonné – Vous le connaissez ?

 

Grace – Ben oui ! Il nous a invités ici. Regardez, le magazine télé m’a écrit ! J’ai reçu un courrier ! (elle montre le papier furtivement). C’est chouette ici !

 

Gaspard – Oh oui ! C’est chouette ici ! C’est le salon ?

 

Fred – Oui… Enfin, c’est ici qu’on se retrouve pour les soirées à thème, aussi pour un moment de repos dans la journée…

 

Grace – Pour les séances de dédicaces avec Jérémy Milton, etc.

 

Fred, souriant jaune – Oui !

Il regarde ses papiers pour voir s’il avait vraiment fait attention à tout, ou s’il n’avait pas raté quelque chose.

 

Grace – C’est ici qu’on dort ?

 

Fred : No…

 

Gaspard – Il nous faudrait peut-être un lit, non ?

 

Fred – Ou...i…

 

Grace – C’est vrai ! Il n’y a pas de lit ! En plus, on ne va peut-être pas coucher avec Jérémy Milton, hein ?!

Ils rient.

 

Fred : Pourriez-vous me donner votre nom, s’il vous plaît ? Après, nous serons en mesure de vous faire visiter le centre et déposer vos bagages dans votre maisonnette.

 

Gaspard – Oui, monsieur.

 

Grace – L’inverse ce serait mieux, non ?

 

Fred : C'est-à-dire ?

 

Grace – Ben, ce serait mieux de déposer les bagages dans la chambre avant de visiter le centre ! Parce que, moi, j’ai mal au dos ! Alors s’il faut porter tout les bagages, heu…

 

Fred : Non, bien sûr ! Ne vous inquiétez pas, nous passerons dans votre maisonnette d’abord.

 

Gaspard – Va t’asseoir un peu, je m’occupe des papiers avec monsieur…

 

Grace – Oui, mon Loulou.

 

Gaspard – Alors, Allonzi.

 

Fred : Votre nom s’il vous plaît ?

 

Gaspard – Allonzi.

 

Fred : Oui, je suis prêt…

Gaspard reste perplexe.

 

Fred : Eh bien allons-y, votre nom s’il vous plaît, que je vous retrouve dans la liste…

 

Gaspard – Allonzi.

 

Fred, en furie – Vous vous payez ma tête ?

 

Gaspard, gêné – Pardon ? (Il se retourne vers sa femme :) Je crois qu’on ne se comprend pas très bien tous les deux………

 

Grace, se levant – Notre nom est Allonzi A.L.L.O.N.Z.I.

Elle retourne s’asseoir.

 

Fred : Ah ! Toutes mes excuses.

(Il regarde sa liste) Vous êtes bungalow… 61.

 

Gaspard, à Grace – On est chambre 61.

 

Grace – Ah ! C’est l’année de naissance de Jérémy Milton ! Ça va nous porter chance !

 

Fred : C’est vous qui avez gagné votre séjour pour une semaine ?!

 

Gaspard – Oui…

 

Grace, le coupant en se levant – Oui ! On en a eu de la chance, hein ? Il a été gentil avec nous !

 

Fred – Qui ?

 

Grace et Gaspard – Jérémy Milton !

 

Fred – Bon ! Vous allez vous diriger vers Valérie que vous voyez là-bas… elle va vous donner les clés et vous pourrez déposer votre valise chez vous. Ensuite, elle vous donnera rendez-vous afin de vous faire visiter avec tous les autres participants.

 

Grace et Gaspard – Oh ! Chez nous !

 

Grace – On va voir Jérémy...

Elle ramasse précipitamment le bagage, attrape son époux et ils sortent vers la direction indiquée.

 

Gaspard, souriant, se retournant comme il peut vers Fred – A plus tard…

 

 

 

Scène 3 -

Fred, seul – O nom de Zeus ! J’espère qu’ils ne sont pas tous comme eux !

Entrée de Yolande et d’Yvon

Yvon entre d’un pas décidé…suivi de près par sa mère.

 

Yolande : Allez mon petit, vas-y, parle au monsieur, ne sois pas timide. Dis lui bonjour…

 

Yvon : Enfin maman, arrête, je sais me débrouiller !

Bonjour Monsieur.

 

Fred : Bonjour, vous êtes ?

 

Yolande : En vacances ! Et je peux vous assurer que nous en avions vraiment besoin. Surtout mon petit, ce trajet l’a complètement fatigué. Il a dormi tout le vol. Vous vous rendez compte…dormir autant avec toutes ces belles hôtesses à portée de main. Il aurait quand même pu y jeter un coup d’œil ! Je suis certaine que vous, vous n’auriez pas dormi (clin d’œil à Fred)

 

Fred : Je ne sais pas madame ! Je n’ai pas pris l’avion depuis… depuis… que je suis coincé ici…bref… vos noms s’il vous plait ?

 

Yvon : Hevou

 

Fred, se levant pour leur serrer la main : Euh… moi, c’est Monsieur Duchesne… mais appelez moi Fred, tout le monde m’appelle Fred ici… Fred par ci, Fred par là… ça n’arrête pas… (Il tente de prendre un air enjoué). C’est ça les vacances… on va à l’essentiel… on est là pour s’amuser … bon… alors vous vous appelez ?

 

Yvon : Hevou

 

Fred : Écoute, mon gaillard, toi t’es en vacances, t’as sûrement envie de rigoler, mais moi, là tu vois, je bosse, et ton nom, il faut que je le mette sur le registre, alors tu sors 2 secondes de tes congés, tu te concentres, et tu me donnes ton nom, ok ?

 

Yolande : Mais c’est ça notre nom. Hevou, H.E.V.O.U, Hevou quoi !

 

Fred : Ah !…ok… (Il le note), et bien, c’est la journée on dirait… alors ALLONZI, notons-le !

 

Yolande : Dites-moi, cher monsieur, vous notez tout sur votre registre ? Je veux dire, vous savez qui est là cette semaine, combien nous serons, les âges de chacun, combien y a-t-il d’hommes et de femmes, tout quoi ?!

 

Fred : Oui, effectivement

 

Yolande : Ah ! Et pouvez-vous me dire combien de femmes célibataires sont présentes ?

 

Yvon : Maman, voyons !

 

Yolande : C’est que voyez-vous, mon petit Yvon, et bien... vous ne me croirez pas, mais figurez vous qu’il est toujours seul... il n’a pas de petite amie !

 

Yvon : Maman ! Ça suffit maintenant ! N’embête pas le monsieur avec tes histoires...et puis...je ne suis pas seul...je t’ai ma petite maman, et crois moi, ça suffit à mon bonheur.

 

Yolande : Que nenni ! À ton âge, il faudrait penser à trouver une autre femme que moi... une femme qui pourrait s’occuper de toi...

 

Yvon : Mais, tu t’occupes déjà de moi maman !

 

Yolande : (soupir) ça je le sais ! Mais tu sais je ne fais pas tout ! ...une femme pourrait s’occuper de toi, je veux dire,....elle pourrait ... être ...proche de toi... très proche même...et une nouvelle vie pourrait commencer pour toi. (Elle se met à rêver) Une vie pleine d’amour. Une vie où l’hiver n’existerait plus, où chacune des saisons verraient les fleurs s’épanouir, où chaque levé de soleil emplirait ton cœur de joie. Chaque brise te soufflerait son nom à ton oreille, chaque instant passé à ses cotés te... (Elle se reprend)... bref, où tu ne serais plus collé à moi !

 

Yvon : Mais... maman...c’est déjà ma vie ça.

 

Yolande, se tournant vers Fred : Vous savez pourquoi j’ai amené mon fils ici ? Non ? Et bien je vais vous le dire.

Ce cher Yvon ici présent, ne trouve pas chaussure à son pied,  ou plutôt n’arrive pas à trouver la bonne chaussure pour prendre son pied !

 

Yvon : Maman

 

Yolande : toujours est-il, que je lui ai offert cette semaine de vacances ici, pour qu’il puisse ne pas rentrer bredouille...pour une fois.

Je me suis dis, une semaine sur une île - il ne pourra pas, de fait, rentrer à la maison - au soleil, entouré de jolies filles, que je n’ai, soit dit en passant, toujours pas vu... bref, entouré de jolies filles, ou de filles, ça lui ira bien, ...en maillot de bain.

Parce que, voyez-vous, il n’a pas beaucoup d’imagination, alors au moins en maillot de bain, il n’aura pas grand chose à imaginer...

Alors dites-moi, Fred, ...dans votre registre, là... n’y en a t-il pas au moins une qu’il puisse prendre....enfin...je veux dire...qu’il puisse rencontrer ?

Fred : Vous savez, madame, ici ce n’est pas un club de rencontre, c’est même assez familial

 

Yvon : Ecoute maman, laisse tomber tu veux ! Je tiens à profiter de cette semaine de repos, pour me reposer ! Et pour toi, et bien, profite que je sois là pour rentrer à la maison, tu ne m’auras pas sur le dos de toute la semaine comme ça... tu n’es pas obligé de rester, tu sais ! J’ai conscience de ce que tu fais tous les jours : préparer mes repas, me laver mon linge, le repasser, faire mon lit, le ménage, me conduire au boulot, venir me chercher... je sais que c’est prenant... alors rentre, repose-toi, et on reparle de tout cela dans une semaine.

 

Yolande : Tu crois que j’ai fait tout ce trajet pour ça ! On est à la chasse ici, mon Yvon ! Il n’est pas question que l’on rentre bredouille... tu vas en trouvé une femme ! C’est moi qui te le dis, parole d’Hevou !

Entrée de L’inconnue

 

L’inconnue : Permettez-moi de vous interrompre, n’auriez-vous pas vu une valise bleue ?

 

Fred : Non, pas du tout, pourquoi, un vacancier a égaré sa valise ?

 

L’inconnue : Ah non, du tout ! C’est que je trouve les valises bleues absolument MAGNIFIQUES. Je voulais avoir le plaisir d’en voir une. Cela me rappelle quelqu’un…

C’est mon côté nostalgique !

Elle sort.

 

Fred : Bon, et bien, Mr et Mme Hevou, je vais vous laisser vous installer dans votre chambre.

 

Yvon – Oui enfin, nous ne sommes pas mari et femme, que ce soit clair !

 

Fred – J’ai bien entendu. Il y a bien deux chambres dans votre maisonnette. En sortant, vous devriez croiser Valérie qui vous y conduira directement.

 

Yolande : Très bien. Allez, Yvon, allons-y. (s’adressant à Fred), et quand à vous, ayez l’œil, dès que vous en repérez une, faites-le moi savoir !

Tu viens, Yvon ?

 

Yvon : Oui, maman, le temps de signer le registre. Vas-y, je te rejoins…

Elle sort

Excusez ma mère, mais voyez-vous elle est très protectrice avec moi, c’est que… elle n’a que moi !

 

Fred : J’ai vu, mais ça à l’air de vous arranger.

 

Yvon : Elle est tout pour moi....elle fait tout pour moi ! Elle veut absolument me caser ! Ah les mères !

(Il s’apprête à sortir)

Ah ! Pour info ! Dans l’avion, je ne dormais pas... j’ai les numéros de téléphone des 3 hôtesses, pour le retour sur le continent, histoire de ne pas s’ennuyer !

Et pour cette semaine, des filles, il y en a quelques-une, non ?

 

Fred : C’est un club de vacances ici !!

 

Yvon : Pigé ! Y a des filles, mais faut rester discret ! Ça m’va, j’ai l’habitude !

Il sort. Fred se sert à un verre à boire au bar, il y reste un temps dos tourné au public. Il prend des notes.

 

 

Scène 4 –

Entrée d’Alizée…Elle entre et reste seule un temps en avant scène.

 

Alizée – Oh la la ! Tout ça pour moi ?! (Elle zyeute discrètement de ci, de là) Ils ont installé des fleurs ! Ils n’auraient pas dû ! C’est gentil de faire des surprises comme celles-là ! Est-ce que je le mérite vraiment ? Eh bien, il me semble que je suis une bonne amie, je sèche les larmes des autres, je leur tend mon épaule quand ils en ont besoin, je suis souriante, aimable, serviable, je n’ai jamais fait de mal à personne, enfin, si à des petites bêtes quand j’étais petites, je faisais sécher les araignées en les mettant auparavant à agoniser dans l’alcool, dans des bocaux, et je découpais les vers de terre pour ensuite leur mettre des pansements afin de voir s’ils allaient se recoller… (un temps.) En même temps, si on y réfléchit bien, c’est le début de mon parcours d’infirmière… déjà petite, j’avais des dispositions.

Non, vraiment, je crois que je mérite cette petite fête organisée par mes amis, sur cette île…

Ah ! Ce que je suis contente ! C’est sûrement Gilles qui est à l’origine de cette… Je me demande où ils se cachent !

Fred se retourne et voit Alizée.

 

Fred – Ah ! Bonjour Madame.

 

Alizée – Bonjour, Monsieur.

 

Fred – Excusez-moi je ne vous avais pas vu… Vous êtes ?

Entrée de Ness.

 

Ness -  s’adressant à quelqu’un dans l’autre pièce, marchant comme un crabe – Là ? C’est bien là ? Vous êtes sûre ?

voyant Fred et Alizée

Ah ! Bonjour Messieurs dames ! On m’a dit de venir voir Fred… C’est vous, madame ?

 

Alizée – Non ! C’est lui. Vous venez pour la fête vous aussi ?!

 

Ness -  la bousculant presque – Vous êtes le directeur de ce centre ?

se plaçant de l’autre côté – ça fait longtemps que vous faites ça ?

 

Fred – Pardon, mais mademoiselle était avant vous.

Entrée de l’inconnue. Elle a un chiffon à la main.

 

Ness – C’est quoi votre petit nom ?

 

Fred – Fred !

 

Ness – Fred ? Oui, c’est bien ça mais, cela correspond à Frédéric, Fred Astaire, Freddddd… ?

 

Fred – Friedrich.

 

Ness– Friedrich ?! Pédigrée ?

 

Fred – Ma mère est russe.

 

Ness – Ah ! Le mélange des races donnent de beaux résultats… tournez-vous un peu ?

 

Fred – S’il vous plaît, mesdames !! Bon ! Donnez-moi votre nom…

 

L’inconnue – S’il vous plaît, pourriez vous me dire quelle heure il est ?

 

Fred – Oui ! Allons-y il est tard. Votre nom s’il vous plaît.

 

Ness– Queller. Bretagne.

 

Fred – Vous pouvez aller rejoindre Valérie, elle va vous guider vers votre maisonnette… on se revoit plus tard.

 

Ness – Quand tu veux Friedrich ! Vous connaissez le numéro de ma maison…

 

Fred – Ah, oui ! Je ne vous l’ai pas donné… C’est la 31.

 

Ness – Ok Baby ! à tout à l’heure……

Elle sort

 

L’inconnue – Je vais prévenir Valérie qu’on va pouvoir bientôt apporter le pot de bienvenue.

Elle sort.

 

Fred – Va. (à Alizée :) Toute mes excuses, mademoiselle… quel est votre nom, s’il vous plaît ?

 

Alizée – Il n’y a aucun  problème, je ne vais pas faire la difficile ! Illet…

Entrée de Grace.

 

Grace – Fred ! C’est sensationnel ! Mon Gaspard est resté prendre une douche dans la maisonnette et dans une baignoire !! C’est incroyable. Il en fiche partout, parce que le jet va dans tous les sens, mais ça fait bien longtemps qu’on n’avait pas pris de douche avec de l’eau chaude. Je cherchais les toilettes en fait, c’est par où ?

 

Fred – Elles se trouvent juste à côté de votre salle de bain…

 

Grace – Non ?! Dans la maisonnette ?

 

Fred – Oui !

 

Grace – Alors ça, je n’ai même pas ouvert, j’ai cru que c’était un placard à balais… Les toilettes dans la maisonnette ?! Alors là, Jérémy Milton ne s’est pas fichu de nous !

Elle sort.

 

Alizée – Jérémy Milton ? Le présentateur de télé ? Ils l’ont fait venir jusqu’ici !

 

Fred – Oui ! Ils sont un peu…

 

Alizée, contente – Fou ! Ils sont fous ! Mais qu’est-ce que je suis contente !

 

Fred – Donc, votre nom s’il vous plaît ?

 

Alizée – Illet…

 

Fred – Il est où ? Ah ! Vous êtes venue accompagnée ?

 

Alizée – C'est-à-dire que oui… enfin, pas exactement… On est venu séparément… Je vous épelle mon nom si vous voulez.

 

Fred – Bonne idée !

 

Alizée – I.L.L.E.T.

 

Fred – Ah ! Illet ! Bien sûr !

 

Alizée – Je vais voir si je les vois… Mais chut ! Je ne suis pas sensée savoir !

 

Fred – D’accord ! Chut !

Alizée sort. Entrée de l’inconnue.

 

L’inconnue – Alors ?

 

Fred – Alors rien. Tout est prêt ?

 

L’inconnue – Oui. (Elle s’approche et lit la liste des vacanciers) Allonzi, Hévou, Queller, Illet…

Tous les vacanciers sortent la tête de tout côté, un verre à la main.

 

Tous – heu… il est exactement 18h48 et 1, 2, 3 A la bonne vôtre !

 

Rideau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6 septembre 2016

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6 septembre 2016

Qui sommes nous ?

Passionnés de Théâtre et d'écriture, nous conjuguons depuis plus de 10 ans nos deux passions, et avons écrits à ce jour 10 pièces de théatres.

Le théâtre s'est le plaisir de jouer, de s'amuser et de faire vivre une histoire. L'un de nos plus grands plaisirs est de savoir que nos pièces ne restent pas enfermés au fonds d'un tiroir... Ainsi à ce jour, l'ensemble de nos pièces a été jouée.

 

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